Humour et magistrature au XIXe siècle : les caricatures de Paulin de Vasson
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Avocat et caricaturiste
Est-ce pour éviter les somnolences qu’engendrent les audiences pesantes et interminables du tribunal ? Ou bien pour meubler les loisirs d’un avocat sans causes ? Toujours est-il que Paulin de Vasson croque avec talent et verve le microcosme politique, judiciaire et populaire de La Châtre. Il caricature les autorités du parti conservateur : le sous-préfet Paul Boiteau (1873), raidi dans son uniforme, ou son successeur Edouard Fougère (1876), avec des cornes et une coquille d’escargot, « rampant et répandant sa bave ». Le politicien le plus dangereux, c’est le député bonapartiste Etienne Vaissière de Saint-Martin-Valogne, maire de Cluis, serpent tentateur enroulé autour d’un arbre, d’une rare longévité politique (1876-1906). A côté de ces personnages, le maire républicain de La Châtre, Philippe Decourteix, avocat peu commode, inspire confiance !
Le tribunal et ses protagonistes
Ce sont surtout les magistrats, avoués ou avocats qui apparaissent sous le crayon ironique de Paulin : le juge aux paupières baissées dans un état de demi-somnolence, le président du tribunal impénétrable et solitaire, ou bien conversant avec son voisin de droite, tandis que son assesseur de gauche dort du sommeil… de la justice ! Dans la salle l’avoué jeune et timide, Me Doré, attend son tour, bien différent de son prédécesseur, Me Bidron, qui pêche les affaires en eau trouble ! Cependant le jeune substitut du procureur Guinon, tête baissée, l’air terrible, médite un réquisitoire sans indulgence contre le prévenu.
Le caricaturiste est complice pour Gabriel Planet, futur sous préfet de La Châtre, qui gesticule, apercevant à peine son interlocuteur derrière ses grosses lunettes, il est moins indulgent pour le vaniteux satisfait et creux comme un mauvais melon, ou pour le commandant Bodin, représenté avec sa barbiche en pointe qui trempe dans un litre d’absinthe…
Paulin n’a pas oublié le garde-champêtre Colin, fusil et parapluie en bandoulière, censé faire respecter la propriété et l’ordre dans la campagne, mais dont les cornes de chèvre ne disent que trop le caractère capricieux.
La « République de La Châtre » est bien pittoresque, et Paulin de Vasson a la même verve que son ami Maurice Sand, l’immortel auteur de « La Rosière de Viremollet ».
Marc du POUGET
Directeur des Archives départementales et du Patrimoine historique de l'Indre