Cent ans de patrimoine : genèse d'une protection

  • Portrait d'Isidore Meyer. © V. Baud 
  • Drapeau du syndicat de la manufacture des tabacs de Châteauroux, début XXe siècle. © V. Baud 
V. Baud
Mise à jour :
14/10/2013 à 9 h 50
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Archives départementales de l'Indre
1 rue Jeanne d'Arc
36000 Châteauroux
Téléphone : 02 54 27 30 42
Télécopie : 02 54 27 85 60
archives.indre@cg36.fr

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14/10/2013 à 9 h 50
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Il y a (presque) cent ans, le Journal officiel publiait la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques. Un nouveau régime était créé pour les immeubles "dont la conservation présente, au point de vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt public". Quels changements depuis les appréciations hâtives du préfet Dalphonse en 1804 qui voyait "peu de monuments, soit anciens, soit modernes, qui offrent un grand intérêt à la curiosité" !

Les débuts
En 1819, pour la première fois, le budget du ministère de l'Intérieur a une ligne "Monuments historiques". En 1831, Victor Hugo publie Notre-Dame de Paris, roman dont le principal personnage est la cathédrale, et en 1834 Prosper Mérimée est nommé inspecteur général des monuments historiques. Localement, on n'a pas su ou pu s'opposer à la destruction de la chapelle des Miracles à Déols (1830), bel édifice gothique accolé au bas-côté nord de la nef romane disparue depuis des siècles, mais les Issoldunois se sont mobilisés en 1833 pour financer des travaux et des fouilles à la Tour Blanche, menacée de destruction. Il y a une demande de l'élite cultivée qui lit la presse et s'abonne aux cercles de lecture : des notices historiques paraissent dans les journaux ou dans les annuaires, et le principal imprimeur de Châteauroux, Migné, s'attache les services d'un jeune dessinateur savoyard, Isidore Meyer. Ce dernier parcourt l'Indre et publie en livraisons  périodiques à partir de 1841 les lithographies des Esquisses pittoresques du département de l'Indre, dont le recueil complet paraît en 1854. Une seconde édition, augmentée de nouveaux dessins, paraîtra en 1882.

Une administration naissante
À Paris, une "commission des monuments historiques", créée en 1837 pour inventorier les monuments et leur attribuer les crédits du ministère de l'intérieur, publie en 1840 une liste, très approximative pour l'Indre ("plusieurs dolmens", "Mesbecq" pour Méobecq, "Bourchet" pour Le Bouchet...), qui sera corrigée et amplifiée par la suite grâce au travail d'une commission locale. Cette collaboration permet, les décennies suivantes, les travaux des architectes Eugène Viollet-le-Duc, Jules de Mérindol, Désiré et Georges Darcy, sans oublier l'architecte départemental Alfred Dauvergne qui intervient sur de nombreux édifices.

La loi du 30 mars 1887 qui donne un cadre juridique au classement peut aussi s'appliquer aux objets précieux. Mais il faut attendre la séparation des Églises et de l'État (1905) pour créer une commission locale, puis instituer un conservateur des antiquités et objets d'art : dans l'Indre, cette mission est confiée à l'archiviste Eugène Hubert qui l'englobe dans son vaste travail de recensement historique et archéologique des cantons de l'Indre.

De 1913 à nos jours
Après la guerre, est créé un degré de protection mineur, l'"inscription à l'inventaire supplémentaire" (1927). L'intérêt se porte sur les sites naturels (1930), leurs abords (1943), les ensembles urbains (loi sur les secteurs sauvegardés créée par André Malraux en 1962), les jardins, les maisons d'écrivain... On parle aujourd'hui d'AVAP (Aire de mise en Valeur de l'Architecture et du Patrimoine), Châteauroux vient d'adopter la sienne. Les dispositions législatives et réglementaires sont contenues depuis 2004 dans le Code du Patrimoine. Les monuments classés ou inscrits font maintenant part au XIXe siècle, et même au XXe (lycée Rollinat d'Argenton, Chambre de commerce et Centre social de Châteauroux). Pour les objets on s'intéresse au caractère ethnographique (sculptures d'art populaire, bannières ou drapeaux), ou scientifique (cabinets de physique des lycées).

Aujourd'hui l'Indre possède 281 monuments inscrits ou classés, 356 objets classés et 1360 inscrits, qui peuvent bénéficier de travaux d'entretien ou de restauration réalisés par leurs propriétaires, communes ou particuliers : le Conseil général de l'Indre s'y implique par son "Fonds Patrimoine" et par un partenariat avec la Fondation du Patrimoine. L'État, lui, encourage par des subventions ou par un régime fiscal favorable et reste garant, comme le voulait la loi de 1913, de "l'intérêt public".

CHRONIQUE Campane (d’où l’adjectif campanaire) est un ancien terme pour cloche : c’est de Campanie, région de Naples au sud de l’Italie, que proviendraient les plus anciennes cloches.

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