« Plus petit que nature » : visions du patrimoine en trois dimensions Vues cavalières, plans, modèles réduits

Venus en Berry, un ingénieur topographe de Henri IV, Claude Chastillon, et un peintre hollandais au service du prince Henri de Luxembourg, Joachim Duviert, ont représenté plusieurs de nos villes, Châteauroux et Déols, Buzançais, Issoudun, etc., avec des détails utiles pour l’archéologie.

Des vues de Châteauroux au XVIIIe siècle...

Ces modèles, moins rigoureux que les plans, coupes et élévations des ingénieurs, vont se perpétuer pour permettre de valoriser de grands projets : au XVIIIe siècle par exemple, l’agrandissement de la place de l’hôtel de ville par la municipalité de Châteauroux. Une délicate aquarelle du musée nous montre un panorama de la ville en 1784 depuis Saint-Christophe. Les grands monuments défilent devant nos yeux : les Cordeliers, Saint-Martial, les anciennes églises Saint-Christophe et Saint André, le Château-Raoul et la Manufacture du Parc. La ville est en pleine croissance, mais n’aura que 8 000 habitants en 1800. En cette même année 1784, pour rationaliser l’exploitation du domaine, les administrateurs du duché de Châteauroux font dessiner un grand plan de la ville et de ses environs. Ces précieux documents ont permis aux historiens de dessiner à leur tour des « vues cavalières », l’archiviste Eugène Hubert s’y est risqué au début du XXe siècle et M. René Pécherat en 1975. 

Au XIXe siècle, l’architecte Alfred Dauvergne dessine en 1867 les bâtiments de la manufacture du Parc juste achevés pour l’industriel Pierre Balsan. Les descendants de celui-ci commandent, vers 1950 une maquette du site Balsan resté très proche de la vue de 1867.

... aux chefs d’oeuvre et maquettes d’urbanisme du XXe 

La vogue des maquettes se développe pour permettre d’étudier un bâtiment ou un site. Pour prouver leur adresse, les artisans compagnons du Devoir réalisent des chefs d’oeuvre d’assemblage de charpentes. A une plus grande échelle, les architectes présentent aux élus et à la population des quartiers à remodeler, des opérations d’urbanisme avec leurs variantes.

A Châteauroux, les Archives municipales ont retrouvé un fonds important de maquettes concrétisant la réflexion des cabinets d’études et des élus, notamment sur la liaison centre ville-quartier Saint-Jean. L’atelier municipal d’urbanisme réalise en 1976 et 1977, d’après des photographies aériennes, un plan relief au 1/2000e du territoire communal. Les projets d’aménagement des Cordeliers, du Centre ville (îlot Molière), ou de loisirs (Belle-Isle) sont aussi représentés, traces du remodelage de Châteauroux lors des mandats municipaux de Daniel Bernardet (1971-1989).

Des reconstitutions de décors de vie quotidienne

Enfin un virtuose du « plus petit que nature », M. Christian Séveau, a reconstitué minutieusement des boutiques, des ateliers, une salle de classe, et bien d’autres décors qui peuvent être mis en parallèle avec des documents d’archives.

Nécessité du maître d’oeuvre, qui doit rendre compte de l’impact sur l’environnement de son projet ; défi de l’artisan, qui prouve son savoir-faire en un chef d’oeuvre ; passion de l’amateur, qui reconstitue patiemment un décor : les Archives départementales proposent un choix de reproductions de monuments, de sites ou d’objets qui méritent notre attention et nous permettent de passer sans effort de l’urbain à l’intime, de l’usine Balsan à la base de loisirs de Belle-Isle et de regarder peut-être ensuite d’un oeil neuf le patrimoine grandeur nature...

Marc du POUGET
Directeur des Archives départementales et du Patrimoine historique de l'Indre

Exposition « Plus petit que nature »

Archives départementales 1 rue Jeanne d’Arc à Châteauroux

25 mai-28 août 2009 du lundi au vendredi de 8 h 30 à 12h 30 et de 13h 30 à 17h (entrée libre) ou sur rendez-vous.