Travail en plans, travail à la chaîne

Mme Querrien a recensé des travaux d'arpenteurs et de géomètres depuis le XVIIe siècle (il en existe ailleurs de plus anciens) : ils utilisaient la perche ou la chaîne, celle-ci pouvant valoir, selon le terrain, de 18 à 25 pieds, soit entre 6 et 8 mètres, les distances étant évaluées par triangulation.

Ces mesures permettaient, sur la base des "terriers", ancêtres de nos matrices cadastrales, de percevoir des impôts fonciers au bénéfice d'un seigneur laïc ou ecclésiastique, opération impopulaire (beaucoup de terriers et de plans seront brûlés à la Révolution). Mais elles étaient aussi très nécessaires pour arbitrer des conflits ou pour délimiter les coupes d'exploitation forestière des abbayes ou des seigneurs.

Certaines cartes nous déroutent, car elles délimitent des terroirs sans aucune proportion, donnant beaucoup d'importance à des bâtiments stylisés (moulin, église...) ou à des repères (arbres, croix).

Les précurseurs du cadastre
A la fin du XVIIIe siècle, une nouvelle génération de géomètres rencontre une nouvelle génération d'administrateurs : lorsque le comte d'Artois devient en 1776, par la grâce de son frère Louis XVI, duc de Châteauroux, il met en place des gestionnaires efficaces qui font arpenter la ville et la forêt de Châteauroux, les deux grandes sources de revenus du duché.

Le plan de la forêt, par Aimé Jacquemain, "arpenteur du Roi", daté de 1785, retrouvé en 1997 dans les bureaux de l'ONF, livre de précieux renseignements sur l'abbaye de Grandmont ou le château de La Mothe, dont il ne subsiste que des traces aujourd'hui.

Quand au travail de Jean-Baptiste Crochet, c'est un état fidèle de la ville de Châteauroux en 1784 et l'outil indispensable de toute recherche sur le bâti ancien.

Marc du Pouget
Directeur des Archives départementales et du Patrimoine historique de l'Indre