Quand mon chef m’a dit, à propos du sujet des sports dits de garçons faits par des filles et inversement, que j’allais moi-même tester le rugby, j’ai été dans un premier temps plus que dubitative. Peu sportive, je me voyais déjà revenir au bureau avec les quatre membres dans le plâtre et des yeux tous violacés.

Premier exercice, le bélier des “avants”, où le but du jeu est de mettre toute la force de son corps pour pousser dans la mêlée. Comprenez la tête coincée entre deux partenaires plutôt costaudes. À peine cinq minutes compressée dans la sueur et le nez quasiment dans l’herbe et je suis déjà un peu groguie. L’échauffement se poursuit par une passe de balle rapide, en essayant d’éviter les “en avant”. Là, mieux vaut courir vite pour espérer attraper la balle ovale, qui a méchamment tendance à glisser entre les mains. Place au deuxième exercice qui consiste à travailler des phases de jeu. Peu experte en la matière, je me dirige sur le bord du terrain déjà éreintée et pas mécontente de reprendre mon souffle, quand les autres repartent de plus belle. Ici, filles ou garçons, il ne faut pas avoir peur de se rentrer dedans, de se cogner, de se rouler dans la boue, de tomber… et de se relever sans un mot. Je reste interdite devant la force et la conviction que ces nanas mettent à l’ouvrage. Petites, grandes, minces ou plus charpentées, toutes se donnent à fond, chacune dans son rôle. Vient ensuite le moment de jouer en touche. Je rentre alors de nouveau sur le terrain et comprends d’un seul coup à quoi servent les protèges cuisses. Avant que je n’aie eu le temps de dire ouf, deux collègues m’agrippent par le short et m’entraînent dans mon élan pour sauter, comme si j’étais aussi légère qu’une plume. Sensation incroyable de se faire porter ainsi, en remettant toute sa confiance dans les mains (agrippées) de ses coéquipières. Au bout de 10 essais, j’attrape enfin la balle ! Essai ! Victoire ! Bref… Le rugby pour filles c’est trop bien… à condition d’avoir la volonté, l’engagement et quand même un brin de rusticité pour en faire. Et là, chochottes, s’abstenir…