Cours de paléographie N° 1
Niveau de difficulté : ****
Une lettre de diffamation délirante en 1749 à Issoudun.
Document conservé aux Archives départementales sous la cote 2 B 368.
Ce document fait partie de la procédure faite à la requête de Jean-Hyacinthe Agobert de Clanay, chanoine de Saint-Cyr d'Issoudun, contre François de Durbois, demeurant à Issoudun, pour injures, menaces, voies de fait et libelles diffamatoires. Il s'agit ici d'une pièce à conviction, scellée et paraphée par le magistrat du bailliage et par l'accusé. Ses agissements vaudront à Durbois d'être condamné à faire amende honorable, à un an de prison et à trois livres d'amende.
La difficulté est dans l'orthographe phonétique et les signes diacritiques (virgules, apostrophes) à restituer. Le tilde, trait allongé remplace le u (que, lignes 1, 5...) ou le m (comme, ligne 6)
Transcription :
[1] Depuis que tu apris que je te voulois donner des coup de
[2] baton et mesme casser bras et jambre, pour le service
[3] que tu m'a rendu qui est de m'avoire mis à l'aumonne
[4] entierement par la mechanceté de ton esprit, on dit
[5] publiquemant que tu te veux mettre sous la sauvegarde,
[6] je te declare sincerement et comme si j'étois a l'artique
[7] de la mort, que ta sauvegard ne me faits pas peure et
[8] ne m'enpechera pas d'avoire raisons tout ou tard du
[9] vol manifeste que tu m'a fait malicieusemant. J'aimerois
[10] mieux que cent millions diables m'ussent enporté en corps
[11] en ame et en esprit dez maintenant si je te perdonnois l'inouie
[12] vol que ton esprit diabolique t'a inspiré de me faire.
[13] Il faut que tu sois le plus scelerat homme de la terre
[14] pour m'avoire fait un coup si lache et noire, moy qui
[15] te croiyois rellemant honneste homme et un saint prestre
[16] et qui en aurois juré sur ma damnation eternelle.
[17] On a bien raison dire qu'il ne faut jamais dire du bien
[18] d'un personne a moins qu'on la connoisse a fond
[19] et de se mefier de ses grand tatouent [ ?] a part tant
[20] de lacheté que tu a fait depuis que tu es au monde
[21] car ta vie n'est qu'un port d'iniquité, je suis persuadé
[22] que tu te crois le plus honneste homme du monde et que
[23] Saint-Cir est bien honoré de t'avoire pour chanoinne
[la diatribe continue encore sur deux pages]
Mentions marginales : en haut : cette lettre a été recue le 9 7bre 1749. Première
en bas : [signé] HEURTAUT, DE DURBOIS
à gauche : première page premiere page dixieme
[1]panse comme artique de foix, chien que tu est, que ton
[2]hypocrisie n'a point aveuglé le monde, puisque dernierement
[3]on disoit hautement dans le marché au bled que je
[4]n'etois pas le seul que tu avois volé et ou fait volé
[5]et voicy plusieurs personnes que l'on a cité. Pre[mierement] dix huit
[6]francs à Jeanne Husier de cette ville, 2° dix ecus à la
[7]veuve Bonnivint, 3° à Argentont,
[8]vigneron de cette ville, a qui tu a volé ausi 374 lt [livres tournois]
[9]quoy que tu avois promis à l’evesque de Québec que tu
[10]ne ferois point de tord à ce pauvre malh[eur]eux
[11]4° à Jarvais Virly que tu a fait mestre en prison
[12]sens cause et sujet, non seulement ça mais tu a eté
[13]encore assez coquin pour animer contre luy ses
[14]creanciers qui voulois luy donner du temps et qui
[15]en effet en auroit eut sens toy ; 5° les hardes
[16]de Masure dont tu a été assez lache pour t'en
[17]approprier ; 6° une robe de chambre de prix
[18]qui apertenoit légitimant à la mere de Masure
[19]dont tu a eté assez scelerat pour luy voler.
[20]Tu vois maintenant, g[u]eux d'honneur que tu est,
[21]qu'on n'est pas la dupe de ta feinte piété et tu en connois
[22]la verité par experience. [signature]:
Mentions marginales:
dans la marge inférieure : [signé] : DEDURBOIS, HEURTAUT
dans la marge gauche : seconde page deuxieme page
[1]car tu ne sçaurois nier les crimes dont on t'accuse
[2]publiquement. Il faut avouer que la femme qui t'a mis
[3]au monde a mit un grand g[u]eux d'honneur au
[4]monde et que la no[u]risse qui t'a nourie a no[u]rie
[5]le plus scelerat de tout la terre et que l’evesque qui t'a fait
[6]prestre en rendera compt devant Dieu, car en te faisant
[7]prestre il a fait un chien prestre, car quand tu
[8]dit la messe c'est un chien qui la dit. Adieu hyprocite (sic)
[9]des hyprocrites tertufe des tertufes, enfin adieu, scelerat
[10]des scelerat, en attandant que je trouve l'occation
[11]favorable de te faire repantir à jamais du vol que tu
[12]m'a fait impunemant. [signé]:DEDURBOIS 1749 Issoudun.
Mentions en marge, en bas :
[13]Paraphé par nous Lieutenant General criminel
[14]et François de Durbois, accusé a Issoudun le
[15]vingt fevrier mille sept cent cinquante
[deux signatures] : HEURTAUT DEDURBOIS
à gauche (verticalement): troisieme page et dernière p. ; troisieme et derniere page
[au verso]
[1]A Monsieur
[2]Monsieur CLANAY
[3]dans le chateaux
[4]a Issoudun

Une lettre de diffamation délirante en 1749 à Issoudun.
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