Niveau de difficulté : ****

Voici un des textes essentiels pour l'histoire du Moyen Age à Châteauroux, l'"obituaire des Cordeliers de Châteauroux".

Il est conservé sous la cote H 577. Il contient les mentions de décès (obitus en latin) des pères franciscains ou cordeliers, mais aussi des fondateurs et bienfaiteurs de 1214 à 1782. Il s'agit d'une copie du XVIIe siècle, d'une écriture régulière.

On appréciera la netteté des jambages (convent l. 5, mais ameiné l. 31 est plus équivoque). La difficulté peut venir des lettres liées ER (observer l. 3, d'espouser l. 16, pere l. 27...). L'écriture soignée en fait un bon exercice d'initiation à la cursive du XVIIe siècle.

Le texte a été publié intégralement par Eugène Hubert Obituaire du couvent des Cordeliers de Châteauroux (1213-1782), Châteauroux, 1885. Il avait 18 ans !

Plus récemment Mme Francesca Lacour a reculé la fondation du couvent de Châteauroux entre 1233 et 1248 ("La fondation du couvent des Cordeliers de Châteauroux (Indre) au XIIIe siècle : légende et réalité", dans la Revue de l'Académie du Centre, 2003-2004, p. 81-92).

Transcription :

Livre des mortz pour la sacristie,
faict au mois d’aoust l’an 1653
Et premierement fault observer que :
L’an de grace mil deux cent quatorze 1214,
[5] ce convent de saint François de Chasteau-Raoulx
a esté erigé, fondé et basty par très hault et très
puissant prince de Deoulx et de toutte la terre
deoloyse messire Guillaume 1er du nom de
Chauvigny, filz aisné puis unique d’André de
[10] Chauvigny, nepveu de ce grand guerrier
Baudouin compte de Flandre, lequel André
fut surnommé le preul des preulx pour ses haultz
exploictz de guerre contre Saladin, Soliman et
le roy Bruant, Turcs et Sarrazins, l’armée des-
[15] -quels il deffit tout affaict, et en vertu de quoy
il merita d’espouser Madame Denyse de Deoulx,
fille unique de Raoul 6e de Deoulx et tout le
dernier de l’illustre sang des Hebes et Raoulx
de Deoulx, descenduz de Leocade, prince senateur
[20] de Rome, lequel fist bastir ce merveilleux
temple de Saint Estienne de Bourges et tout le
Bourg Dieulx, d’une part, et de Madame
Aldeme, fille d’Henry et soeur de Richard
3e du nom, roys d’Angleterre, du regne de
[25] Philippe Auguste roy de France, d’une
autre part. Et ce par le soing et diligence
du venerable pere frere Bonencontre,
dict en latin Bonocuntrus, prestre romain,
l’un des premiers compagnons ou contempo-
[30] rains de nostre pere saint François, optenu de
nostre susdict pere et ameiné icy en France
par les deux susdictz illustres princes André
de Chauvigny et de Guillaume et Jean de
Chauvigny, tous deux filz dudict André, iceulx
[35] retournens du voyage d’oultremer contre
les Turcs et Sarrazins l’an de Nostre Seigneur
mil deux cent treize 1213. Et
l’an 1216, deux ans après l’erection et fondation
de cedict convent, le beau premier jour de
[40] mars l’eglise estant desja toutte complette et
parfaicte fut dediée et consacrée a Dieu
soubz le patron et titulere de saint Jean l’apostre
et evangeliste, par le reverendissime pere
en Dieu messire Gerard1 le 69 archevesque
[45] de Bourges, qui tout le 1er merita de porter
la qualité de patriarche en France et le
primat des Aquitaines.